Le mensuel pratique et technique
du kinésithérapeute

Le muscle : un organe effecteur et endocrine

Aude Quesnot
Kinésithér Scient 2023,0659:01 - 10/12/2023

Le rôle de l’exercice sur le squelette des enfants

Chez l’enfant et tout au long de la croissance, le développement harmonieux nécessite une activité musculaire couplée au développement de la coordination motrice. C’est cette activité musculaire qui va permettre les acquisitions fondamentales que sont la position debout stable, la marche, la course et les activités de préhension. Ces acquisitions dépendent du développement et de la coordination d’environ 670 muscles qui vont permettre à l’enfant de découvrir, puis de devenir acteur de son environnement. De la même manière, l’activation des muscles du visage va permettre l’apparition des expressions telles que la joie, la colère, etc. et le développement des muscles de la mastication, l’alimentation.

En règle générale, chez l’enfant entre 1 et 4 ans, il est recommandé 3 heures d’activité par jour axées sur des activités variées et surtout ludiques.

De 5 à 17 ans, une heure d’activité physique quotidienne d’intensité modérée à élevée est recommandée. Cela correspond à une heure ou l’enfant « transpire » et elle doit être associée à des activités plus légères (déplacement actif, jeux, etc.).

L’enfant n’est pas un adulte miniature et son squelette diffère de celui de l‘adulte, tant par son anatomie que par sa biomécanique. C’est l’activité « en charge » debout, à la course qui va permettre d’acquérir un squelette osseux de qualité, que ce soit sur la densité osseuse, l’évolution progressive des axes des membres inférieurs comme au niveau des hanches vers les standards de l’adulte et le développement des apophyses de croissance.

Chez l’adulte

Après s’être développée jusqu’à l’âge de 30 ans environ, la masse musculaire diminue d’environ 1 % par an, même chez les personnes en bonne santé. Ce phénomène s’amplifie de manière significative dès 50 ans, tant sur le plan de la force que sur celui de la masse musculaire.

Chez le senior « sain »

Dès 50 ans, la perte de masse musculaire est multifactorielle et combine une utilisation musculaire insuffisante, des modifications de la commande nerveuse, des modifications hormonales (surtout chez la femme) et des apports insuffisants en protéines.

Selon les auteurs, le vieillissement anormal du muscle (ou sarcopénie) touche 5 à 25 % des personnes entre 60 et 70 ans et 30 à 50 % des plus de 80 ans. Ce phénomène est réversible tant qu’il n’y a pas de transformation « graisseuse » du muscle.

Il est vivement recommandé de pratiquer des activités physiques adaptées à chacun afin de préserver la masse musculaire, la coordination motrice et une sensation de confiance en ses capacités motrices.

Si les activités d’endurance ont été longtemps recommandées, elles doivent être complétées par des exercices de force contre légère résistance ou à poids de corps, pour cibler les fibres de type 2 (celles qui s’atrophient le plus avec l’âge) et par des exercices de vitesse/coordination. 2 à 3 heures par semaine sont recommandées. Après 3 mois, il est constaté un gain de force de 25 à 30 % si les exercices sont réalisés contre légère résistance (poids de corps ou élastique). En parallèle, 20 à 30 minutes par jour d’activités à basse intensité sont préconisées telles que la marche, le bricolage, le jardinage, promener son chien, etc.

Il nous semble absolument crucial que les seniors soient sensibilisés à ces phénomènes et guidés dans leur choix d’activités par des professionnels. En effet, dans cette tranche d’âge, il existe fréquemment des pathologies associées, notamment articulaires, des lombalgies ou des douleurs d’épaule par exemple, qui peuvent freiner ou amener à appréhender la reprise sportive.

Des avis spécialisés fournis par des médecins ou des kinésithérapeutes peuvent aider les seniors à s’orienter vers des activités multisports, de manière progressive, qui respectent leurs goûts et leurs articulations. Les prescriptions d’activité physique devraient pouvoir être proposées beaucoup plus largement qu’aujourd’hui.

De manière plus récente, le muscle est également abordé comme un organe endocrinien qui, grâce à la sécrétion de myokines libérées dans le système circulatoire, diffuse vers les organes. Les effets sont nombreux, comme le développe Cédric Moro dans son article, tant sur le cerveau (diminution de la sensibilité au stress, résistance à la dépression, amélioration de la cognition, du sommeil...) que sur le système cardio-métabolique.

Béatrice Dubern insiste sur le rôle clé de l’alimentation dès le plus jeune âge, chez l’enfant sain comme chez les enfants présentant des pathologies chroniques. 30 minutes d’activités douces et quotidiennes + 2 à 3 heures d’activités physiques hebdomadaires associées à une alimentation adaptée sont les clés pour prévenir certaines maladies chroniques et préserver son capital musculaire.

La rédaction de KS vous souhaite de joyeuses fêtes.

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