Le mensuel pratique et technique
du kinésithérapeute

Nos savoirs d'aujourd'hui ne sont pas des vérités

Christophe Dauzac
Kinésithér Scient 2025,0675:01 - 10/05/2025

De la prescription médicale détaillée à l’accès direct, les avancées pour notre profession sont réelles. La remise en question des connaissances et des savoirs pratiques a fait son œuvre, ce qui a pu déstabiliser les habitudes. Notre histoire professionnelle est jalonnée d'exemples où ce qui semblait être une vérité immuable s'est révélé être simplement une étape dans notre compréhension des conséquences des pathologies sur le corps.

On a pu constater que de nombreuses techniques, précédemment considérées comme indispensables, ont été progressivement abandonnées au profit d'approches plus efficaces. Prenons l'exemple de la prise en charge des lombalgies chroniques. Les recommandations ont évolué en quelques décennies. On est passé du repos strict à la mobilisation précoce, voire intense. L’aspect biomécanique a été complété par la compréhension du déconditionnement physique, par l’analyse du milieu de travail. L’Assurance maladie a par ailleurs mis dans la balance des facteurs socio-économiques... L’approche biopsychosociale existait depuis longtemps sans être nommée.

Cette évolution n'est pas le signe d'erreurs passées, mais bien celui d'une profession vivante qui progresse.

Ce numéro de KS nous invite au doute constructif dans la pratique quotidienne. Pierre Laumonerie décrit les avancées récentes dans la compréhension des mécanismes lésionnels du tendon du biceps, qui ont permis d’améliorer les techniques chirurgicales et l’élaboration de protocoles de rééducation adaptés.

Lucas Martinez revisite les tendinopathies du coude. En effet, les travaux du Dr Stanish se voient complétés par une approche qui est l’imbrication de 3 modèles : le modèle de rupture/dégradation du collagène, le modèle inflammatoire « réponse secondaire » plutôt que déclencheur, et le modèle basé sur la réponse cellulaire du tendon. L’affinement des protocoles et leur transformation s’appuie désormais sur des données probantes. Aymeric Le Neindre le développe pour la kinésithérapie préopératoire, qui prévient les complications pulmonaires postopératoires après une chirurgie abdominale majeure.

Aurélie Dutertre nous indique que c’est à partir d’un test objectif effectué sur 3 types de préhensions différentes et de la coordination entre le chirurgien, le patient et le kinésithérapeute que l’on est garant de la meilleure stratégie en termes de temps et de récupération lors d’une prise en charge « individu dépendant ».

Les protocoles ne seraient rien sans l’approche une relation thérapeutique adaptée. On apprend que même les professionnels de santé ne sont pas indemnes de discrimination dans leur prise en charge.

Grégoire Virot aborde la communication et l’attitude qu’un thérapeute devrait adopter avec les personnes en poids excessif. C'est essentiel pour le développement d’une relation thérapeutique de confiance.

Ces évolutions techniques et des protocoles influent sur les prises en charge. Gageons qu’elles ne seront plus tout à fait les mêmes dans quelques années, grâce aux avancées de la science et à leurs retombées. Nos savoirs d’aujourd’hui ne sont pas des vérités. Soyons humbles, conscients que ce sont des étapes dans l’histoire de notre profession. Doutons et avançons !

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