Le mensuel pratique et technique
du kinésithérapeute

LA PERSONNE AMPUTEE

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Domenico Ménager, Christophe Dauzac
Kinésithér Scient 2010,512:01 - 10/07/2010

DANS LES PAYS DÉVELOPPÉS, l'amputation d'un membre intervient le plus souvent, environ neuf fois sur dix, dans un contexte de pathologie vasculaire, le diabète étant associé dans la moitié de ces cas. Les autres causes se partagent,
essentiellement, entre les séquelles de traumatismes et les affections néoplasiques. Le contexte influe beaucoup sur la réaction de la personne. L'existence de douleurs intolérables, une infection chronique empêchant la consolidation, facilitent l'acceptation du geste chirurgical par le patient qui réclame parfois l'amputation. La comparaison entre des possibilités fonctionnelles très diminuées depuis des années et celles promises par le futur appareillage, est un élément fondamental de la décision. Cette information doit être aussi exacte que possible. Il faut éviter la surestimation des vertus de l'appareillage, source de déception. Mais il faut aussi éviter leur sous-estimation qui peut conduire le patient à retarder, voire à refuser un geste pourtant bénéfique. L'information doit mentionner aussi les risques du traitement proposé et faire apparaître la notion de rapport bénéfice/risque. Lorsque l'amputation a été réalisée par l'accident lui-même, ou lorsqu'elle s'impose pour sauver la vie, en cas de tumeur maligne par exemple, la connaissance des possibilités fonctionnelles futures va quand même être utile au patient pour commencer à élaborer le long processus d'adaptation, psychologique et somatique, à sa nouvelle condition.
Dès qu'elle est possible, parfois avant l'amputation, la rencontre avec une équipe de rééducation rompue à la prise en charge des amputés, la possibilité de parler à des patients récents ainsi qu'à d'autres suivis depuis de nombreuses années, va constituer à cet égard une aide précieuse. Quoi qu'il en soit, le résultat obtenu in fine par le patient dépend de nombreux facteurs.
Certains lui appartiennent et sont liés à sa condition physique et à son ressort moral. D'autres dépendent du chirurgien
qui réalise l'amputation et de sa faculté à créer un moignon propre à générer la force motrice nécessaire à la mobilisation de l'appareillage.
D'autres, enfin, sont liés à la capacité de l'équipe de réadaptation de créer la prothèse la mieux adaptée aux besoins et aux possibilités du patient et de contribuer à lui faire recouvrer des moyens physiques et psychologiques optimaux. Plus encore peut-être que pour d'autres pathologies, la prise en charge d'une personne amputée nécessite la collaboration étroite de nombreux intervenants d'horizons différents. À la composition classique des équipes de rééducation s'ajoute en effet le responsable de la réalisation de l'appareillage dont la réussite va dépendre bien entendu de sa compétence technique, mais aussi de sa capacité à appréhender la dimension thérapeutique de son action et à s'intégrer au processus de réadaptation.
C'est la capacité du corps à pouvoir apprendre qui permet au patient de se restructurer après ce type de chirurgie radicale. Alors que la perception de son unité est modifiée, le mouvement l'aidera à opérer à sa restructuration".
Entraînant une réaction mécanique, corporelle et physiologique sur le corps, les mouvements conscients favorisent la mise en place de nouvelles perceptions , ajoutées aux modèles que la personne amputée a d'elle-même, elle l'aideront à faire concorder image et structure du corps."
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