Le mensuel pratique et technique
du kinésithérapeute

Recommandations de bonne pratique de la HAS : AVC Méthodes de rééducation de la fonction motrice chez l'adulte (publication de juin 2012)

Jean-Pierre Bleton
Kinésithér Scient 2013,541:59 - 10/04/2013

La plupart des malades victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC) ont besoin d’une rééducation par la kinésithérapie. La rééducation est efficace, toutes les études le montrent. Mais comment faire son choix parmi les très nombreuses techniques visant à la restauration de la fonction motrice et qui sont actuellement utilisées avec plus ou moins de succès ? Le professionnel élabore son projet rééducatif le plus souvent par habitude et sur les acquis de l’expérience.

La Haute autorité de santé (HAS) a élaboré une recommandation de bonnes pratiques sur les méthodes de rééducation de la fonction motrice chez l’adulte destinée à l’ensemble des professionnels de santé concernés par la prise en charge des personnes qui sont victimes d’un AVC. Cette recommandation s’inscrit dans le cadre du Plan national « Accidents vasculaires cérébraux 2010-2014 » élaboré par le ministère de la Santé et des Sports.

Les préconisations de la HAS, basées sur l’analyse des pratiques et de la littérature scientifique, portent sur l’intérêt et l’application des techniques rééducatives à la disposition des rééducateurs en fonction des phases évolutives (phase aiguë avant le 14e jour, phase subaiguë entre le 14e jour et 6 mois, phase chronique après 6 mois).

Cette publication permet :

– d’identifier les méthodes utilisées et leurs modalités d’application ;
– de connaître les recommandations relatives à l’indication et à l’application de ces méthodes lors des phases évolutives post-AVC.

Certaines des recommandations portent un message fort sur la précocité, l’intensité et la continuité de la prise en charge.

Précocité de l'intervention

Il est recommandé de débuter la rééducation motrice dès que possible à la phase aiguë de l’AVC. Chez le patient ne présentant pas d’activité motrice, il est recommandé de stimuler la fonction sensitive.

La rééducation fonctionnelle de la marche est recommandée dès que possible, et doit être poursuivie tout au long de l’évolution de l’AVC dans le but d’améliorer l’indépendance dans les déplacements.

Intensité de l'intervention

Il est recommandé d’inclure l’effet temps comme une composante importante de la récupération motrice. L’intensité de l’intervention consiste à réaliser une activité ciblée de rééducation avec un nombre élevé de répétitions. Ainsi, à la phase chronique, le temps d’exercices a un impact favorable sur les performances de la marche.

Continuité de l'intervention

La rééducation manuelle individuelle est recommandée à tous les stades de la prise en charge.

Pour autant, l’état actuel des connaissances ne permet pas de privilégier une technique manuelle individuelle davantage qu’une autre, ni de recommander un type particulier d’activité ou une durée précise d’entraînement.

À chaque transfert, changement d’unité de prise en charge du patient, ou lors du retour à domicile, les objectifs poursuivis, les résultats des diverses évaluations et actions réalisées, les éventuels problèmes rencontrés sont transmis aux professionnels qui poursuivront la rééducation.

Principales recommandations concernant les méthodes de rééducation de la fonction motrice

• Les techniques de renforcement musculaire (ensemble des techniques mises en œuvre pour augmenter la force musculaire ayant pour objectifs particuliers d’améliorer la trophicité ainsi que la performance musculaires (et non la commande neuromotrice) sont recommandées pour améliorer la force musculaire à la phase chronique de l'AVC. Le renforcement musculaire après AVC n’augmente pas la spasticité. Cependant, il ne permet pas d'améliorer la vitesse et le périmètre de marche.

• L’activité physique et les programmes d'exercices gymniques (selon la HAS, l'activité physique après AVC consiste en un entraînement organisé destiné notamment à corriger ou prévenir le déconditionnement cardio-respiratoire et à améliorer la force et l'endurance musculaires) est recommandée pour améliorer l'adaptation à l'effort, l'état physique et l'indépendance fonctionnelle, mais pas pour améliorer la force musculaire.

• Les différentes méthodes dites neurophysiologiques qui regroupent les programmes de « rééducation neurodéveloppementale, de neuro­facilitation proprioceptive et d'intégration sensorimotrices » comme le concept Bobath , la méthode Brunnström, la méthode Kabat ou la méthode de Rood se montrent plus efficaces que l'absence de rééducation. Néanmoins, l'efficacité supérieure d'une de ces méthodes par rapport à une autre n’est pas démontrée.

• En revanche, la HAS recommande de combiner les méthodes de rééducation motrice sans se limiter à une approche exclusive.

• Il est recommandé que l’utilisation de l’aide technique de marche fasse l’objet d’un apprentissage personnalisé avec un professionnel de la rééducation.

• L'éducation thérapeutique du patient et de son entourage est à privilégier dès le début de la rééducation afin d'en optimiser et d'en pérenniser les résultats.

Ces recommandations mises à la disposition des professionnels de la rééducation sont un outil essentiel pour leur permettre d’élaborer leurs programmes de rééducation post-AVC. Elles sont consultables avec possibilité de les télécharger sur le site de la HAS : http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_1334330/accident-vasculaire-cerebral-methodes-de-reeducation-de-la-fonction-motrice-chez-l-adulte.

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