La kinésithérapie en 2025 : une discipline engagée pour des soins de qualité, adaptés et innovants !
Aude Quesnot
Kinésithér Scient 2025,0678:01 - 10/09/2025
En ce début d'automne, alors que les professionnels de santé affrontent les défis d'un système en mutation (difficulté d’accès aux soins, report de la revalorisation des actes, etc.), la kinésithérapie affirme plus que jamais sa pertinence, sa rigueur et sa capacité d'adaptation. Notre discipline doit trouver pleinement sa place dans les parcours de soins, au carrefour de la prévention, du traitement et de la réadaptation. Portée par l'engagement de 109 000 professionnels, la kinésithérapie en France se distingue par son dynamisme scientifique, sa volonté constante d'amélioration des pratiques et sa capacité à répondre à l’accès direct au profit de la santé de la population française.
Dans cet éditorial, nous proposons un regard transversal sur la qualité des soins et sur 3 exemples, à savoir les troubles du neurodéveloppement chez l'enfant, l'utilisation du High Intensity Interval Training (HIIT) chez les patients atteints de sclérose en plaques, la rééducation après un cancer de la prostate. Autant de champs cliniques où la kinésithérapie démontre sa valeur ajoutée, fondée sur des données probantes, une expertise spécifique, et une approche centrée sur le patient.
La qualité des soins constitue un pilier fondamental des politiques de Santé publique. Appliquée à la kinésithérapie, elle engage les professionnels dans une démarche d'exigence, de responsabilité et d'éthique.
L'efficacité des interventions, leur pertinence clinique, leur sécurité, mais aussi l'expérience patient et la coordination interprofessionnelle sont autant de composantes indissociables d'une démarche qualitative. Aujourd'hui, la kinésithérapie s'appuie de plus en plus sur l'Evidence-Based Practice, combinant les meilleures preuves disponibles, l'expertise clinique et les préférences du patient. Cette approche implique une formation initiale exigeante, une actualisation continue des connaissances et une culture de l'évaluation à entretenir.
Par ailleurs, l’intégration des outils numériques et des dispositifs de télérééducation ouvre de nouvelles perspectives, à condition de veiller à leur efficience et à leur accessibilité.
La qualité des soins ne saurait toutefois se résumer à des indicateurs : elle repose aussi sur une posture professionnelle. Le kinésithérapeute d’aujourd’hui est un acteur de santé engagé, autonome dans ses choix thérapeutiques, et responsable dans sa communication avec les patients et les autres professionnels. Il s'inscrit dans des dynamiques territoriales, participe à des réseaux de soins, et s'investit dans l’éducation à la santé.
Les troubles du neurodéveloppement (TND) chez l’enfant (article de Sarah Gehin) représentent un enjeu sociétal majeur. Leur meilleure reconnaissance, grâce aux progrès du dépistage précoce, a permis d'améliorer l'orientation et la prise en charge. Le kinésithérapeute y joue un rôle clé. En effet, au-delà des capacités motrices, il s’attache également aux particularités sensorielles ou aux difficultés de planification motrices et ainsi au développement global de l’enfant.
Le travail en étroite collaboration avec les familles et les autres professionnels (orthophonistes, ergothérapeutes, psychomotriciens, médecins, enseignants) permet de garantir une cohérence des objectifs et une synergie des interventions.
La sclérose en plaques (SEP) (article de Jérémy Dubois et Iris Marolleau) touche près de 120 000 personnes en France. Maladie chronique, inflammatoire et démyélinisante, elle entraîne des troubles moteurs, sensitifs, cognitifs et une fatigue souvent majeure. Si longtemps, l’activité physique a été redoutée chez ces patients, les données scientifiques confirment ses bénéfices, à condition qu’elle soit adaptée, progressive et encadrée.
Le High Intensity Interval Training (HIIT) est aujourd'hui testé avec succès chez les patients SEP avec des effets positifs sur la capacité aérobie, la fatigue, la dépression, la plasticité neuronale, et la qualité de vie.
Encadrés par des kinésithérapeutes, le HIIT favorise l’engagement du patient, renforce sa confiance corporelle, et s’intègre dans une logique de soin actif et participatif.
Avec près de 50 000 nouveaux cas par an en France, le cancer de la prostate (article de Hélène Colangeli-Hagege) est le cancer masculin le plus fréquent. Grâce aux progrès diagnostiques et thérapeutiques, la survie s’améliore, mais les séquelles fonctionnelles demeurent. Incontinence urinaire, dysfonctions sexuelles, asthénie, douleurs périnéales ou troubles musculo-squelettiques altèrent significativement la qualité de vie des patients.
La kinésithérapie constitue un levier essentiel pour restaurer les fonctions, prévenir les complications et accompagner la reprise d’une vie active.
La création de parcours coordonnés, de programmes personnalisés et la collaboration avec les urologues, oncologues, sexologues et psychologues sont essentiels pour une prise en charge de qualité.
La kinésithérapie en 2025, dans toutes ses dimensions, incarne une discipline en mouvement, engagée pour la qualité et la pertinence des soins.
Cultivons cette dynamique. Bonne rentrée à tous.