OEdèmes : la kinésithérapie est-elle encore utile ?
Pierre-Henri Ganchou
Kinésithér Scient 2025,0679:01 - 10/10/2025
L’action d’un kinésithérapeute, ce sur quoi il peut être efficace, n’est pas communément associée au traitement de l’œdème. On associe bien kinésithérapie et muscle, kinésithérapie et nerf, ou cardio-respiratoire... Mais seuls les kinésithérapeutes avec une spécificité d’exercice affichent ces compétences thérapeutiques.
Or, elles sont nombreuses les situations qu’un ou une kinésithérapeute rencontre dans son quotidien où l’œdème est présent. C’est le cas dans la plupart des traumatismes récents, des suites chirurgicales en musculo-squelettique comme en maxillo-facial. C’est également le cas dans la pathologie cardio-respiratoire, en gériatrie. Savoir y faire face, conseiller et même prescrire le matériel nécessaire à son traitement, devrait intéresser les kinésithérapeutes, quels que soient le type de pathologie traitée, ne fût-ce que pour savoir vers qui réorienter.
De nombreuses et nombreux kinésithérapeutes, souvent adhérant à l’AKTL, sont les personnes ressources vers qui renvoyer des patients atteints de pathologies impliquant l’œdème. Mais pour acquérir le niveau d’expertise requis et le faire vivre, il faut confronter son savoir à ce que l’actualité scientifique peut nous apporter. Ces pages, que vous lirez sûrement avec plaisir, retracent les communications présentées lors du Congrès de l’AKTL, à l’IFMK du CEERRF à Saint-Denis, le 4 octobre. Le thème, volontairement provocateur, pose la question de l’utilité, en 2025, de la kinésithérapie face à l’œdème. Mais quelle utilité peut-on identifier à la kinésithérapie si on méconnaît les différents types d’œdèmes et l’adaptation des kinésithérapeutes en fonction de leur bilan ? Quelle confiance dans la kinésithérapie de l’œdème si on ignore son impact sur la décongestion, sur la prescription de bandes ou de manchons ? Comment s’intéresser à la kinésithérapie de l’œdème si on omet le rôle des kinésithérapeutes dans la prévention, dans l’activité physique ? Pourquoi ne pas rejeter l’utilité de la kinésithérapie si on oublie son influence pour améliorer la qualité de vie ?
Réduire la kinésithérapie de l’œdème au seul drainage lymphatique manuel est commettre la même erreur que de réduire la kinésithérapie respiratoire au clapping. C'est se tromper d’époque et ignorer la capacité des kinésithérapeutes à rendre efficientes leurs techniques et leurs outils d’intervention.