Kinésithérapie : entre sciences et humanité
Christophe Dauzac
Kinésithér Scient 2025,0680:01 - 10/11/2025
La kinésithérapie n'est plus un simple acte technique. Elle permet un dialogue avec le corps souffrant et la physiologie des appareils ou du système à recouvrer.
Avec trois regards cliniques ainsi qu’une approche complémentaire au modèle biomédical, ce numéro nous invite à une réflexion profonde sur notre pratique.
Avec la terrible triade du coude, les cicatrices des grands brûlés et la périostite tibiale, la complexité n'est plus seulement anatomique ou biomécanique. Elle réside dans la capacité à articuler une base scientifique avec une compréhension de l'expérience subjective du patient.
La prise en charge de la terrible triade est désormais fondée sur une analyse précise des lésions, une compréhension plus fine des mécanismes lésionnels et une stratégie thérapeutique personnalisée, tout ceci étant centré sur l’élément fondamental qu’est la stabilité fonctionnelle de l'articulation. La kinésithérapie autorisera l’utilisation fonctionnelle du coude après le respect du temps chirurgical et grâce aux exercices ciblant les différentes structures.
La périostite tibiale est souvent considérée à tort comme hors du champ d’action du kinésithérapeute. L'analyse précise des symptômes, la compréhension des mécanismes de la douleur et l'identification des facteurs de risque orienteront l’usage des techniques de traitement manuel ainsi que les conseils de prévention et de réadaptation.
Devant le risque cicatriciel, il ne faut considérer aucune brûlure comme bénigne. La clinique reste fondamentale. Le suivi attentif, quasi quotidien, du processus de cicatrisation génèrera notre intervention thérapeutique adaptée, en accord avec l’approche pluridisciplinaire.
Au-delà de la clinique, la phénoménologie intègre la subjectivité pour favoriser l’accompagnement raisonné du patient. Son expérience subjective perçue par le toucher, est prise en compte, orientant ainsi au mieux la thérapeutique.
La logique et la nécessité de réparation se transforment en une logique d'accompagnement. Le geste technique reste essentiel, en prenant une dimension supplémentaire grâce à l'écoute.
Quel noble horizon que de restaurer de la dignité et du mouvement là où la souffrance s’est installée ! C’est parfois un défi. Mais la kinésithérapie sait montrer qu’elle est une actrice de tout premier plan.