La masso-kinésithérapie contemporaine se situe à la croisée des sciences biomédicales et des sciences humaines. Cet article propose d'en interroger la portée anthropologique à travers la notion de corporéité sociale, entendue comme l'ensemble des processus par lesquels le corps est façonné, socialisé, et parfois resocialisé à la suite d'une rupture pathologique ou existentielle.
S'appuyant sur la phénoménologie du corps vécu la sociologie des pratiques, l'anthropologie de l'incarnation, la psychologie du Moi-peau, les neurosciences de la sensibilité et l'éthique de la reconnaissance, l'article explore la manière dont la masso-kinésithérapie accompagne la reconstruction du lien entre sensation, sensorialité et sensibilité.
À travers des champs cliniques variés - de la socialisation du nourrisson à la resocialisation de l'adulte après l'épreuve de la maladie ou du handicap -, la pratique masso-kinésithérapique apparaît comme un espace de reconfiguration du rapport au monde. Le soin corporel, loin d'être un simple outil biomécanique, est envisagé ici comme une médiation culturelle et symbolique : il participe à la restauration du sujet comme être social, incarné et sensible.